Enfer et Dame Nature.
Le vent a beaucoup soufflé cette nuit et alors que Gérard s’est bien remis de notre grosse journée de mardi, j’ai assez mal dormi. Je suis probablement tourmenté par la randonnée de ce matin qui va se dérouler dans le jardin du Démon…
Réveil à 7h dans le RV, nous prenons un petit déjeuner puis nous nous préparons pour le trail de ce matin qui va durer plusieurs heures. On ne rigole pas avec les réserves d’eau, je rempli ma poche de 2,5 litres et on met la même quantité en petites bouteilles d’eau pour Gérard. Comme il a eu un peu mal au dos il y a quelques jours, c’est moi qui porte tout quand on se promène. On se tartine de crème et on sort du magnifique camping où nous avons passé la nuit pour nous garer 500m plus loin sur le parking du départ du Devil’s Garden Trail.
Il est 8h30 quand nous entamons cette randonnée qui va nous amener à proximité (ou carrément sous) 7 arches (10 si on compte les doubles arches pour 2). Le trajet est en 3 parties avec un niveau de difficulté croissant.
Après avoir franchi l’entrée théâtrale entre 2 parois rocheuses façon portes de l’Enfer, un sentier gravillonné mène à Pine Tree Arch :
Tunnel Arch (petit jeu sur cette photo : où est la Loco ?) :
et un peu plus loin à Landscape Arch. On ne peut pas passer sous cette arche car un morceau s’en est détaché (à droite) il y a 25 ans. Le NPS explique que c’est un dilemme pour eux car depuis 25 ans il ne s’est rien passé donc c’est que la structure bien que fine est stable. D’un autre coté le temps qui passe nous rapproche du prochaine effondrement. Il est à noter que la randonnée que nous faisons ce matin comportait une arche de plus il y a encore quelques années, mais elle s’est effondrée en 2008. C’est bien dommage ceci dit Gérard a repéré plusieurs arches en formations, revenez dans quelques centaines de milliers d’années, il y aura sans doute de nouvelles arches dans le jardin du démon.
A partir de maintenant les choses sérieuses commencent, on a marché 3/4 d’heure on entame le sentier bleu, fini la piste verte (selon la carte du début de trail). Et on attaque fort avec une bonne grimpette sur un rocher. Je laisse quelques images en taille réelle pour que vous voyiez la taille des autre randonneurs.
Arrivé en haut je me trouve sur une avancée rocheuse pas bien large avec du vide autour et je n’ai pas le vertige… tant mieux, j’en profite et quand je me retourne pour rejoindre Gérard, je me rend compte que plusieurs photographes attendent patiemment leur tour… je file vite. Du bout du rocher, on a une vue sur Landscape Arch et aussi sur Partition Arch, celle-ci est aussi visible du pied de Landscape Arch mais je n’ai pas mis de photo pour ne pas semer de confusion. Un type fait le mariole sous la Partition Arch donc je ne peux pas faire de jolies photos… Tant pis je ne vais pas attendre qu’il dégage.
Juste un peu plus loin on aperçoit en même temps la même chose. Je prends la photo pour une fois ce ne sont pas nos estomacs mais nos esprits qui sont synchros car on se regarde en disant « Wooden Arch » je vous avait dit qu’on allait parler de cette arche de bois 🙂
Nous voilà donc en haut de Landscape Arch et on a le choix entre continuer tout droit vers Double O Arch qui est le bout de la randonnée, ou aller faire des allers retours pour voir de plus près Partition Arch et Navajo Arch. On regarde les panneaux et ils indiquent 2 et 3 miles pour les détours et 9 miles pour Double O… La randonnée complète est censée faire dans les 12 km.
Je coupe le récit quelques instants pour préciser que Devil’s Garden Trail est un aller-retour jusqu’à Landscape Arch, puis au choix un aller retour ou une boucle au delà de Lanscrape Arch. Au bout de la randonnée, se trouve Double O Arch. Quand on y est, soit on revient sur ses pas jusqu’à Landscape Arch soit on peut emprunter un trail « primitif », à savoir balisé sommairement (il faut bien faire attention aux cairns), avec pas mal de grimpette et de descentes abruptes sur des rochers, des moment où il faut longer une parois avec du vide à coté, sauter pour éviter d’énormes flaques… Bref c’est rock’n’roll. Au bout de ce chemin plutôt sportif, on retombe sur Landscape Arch et on doit rentrer au parking par la piste verte. Et vous l’avez deviné, on est parti pour prendre le primitive trail au retour ! Après tout on l’a déjà fait sans que ce soit trop au programme quand on a été faire la randonnée du cratère de Canyonlands. Fin de la parenthèse.
On se concerte, on a encore pas mal de chemin à faire et la montée qu’on vient de réaliser n’est qu’un avant goût du primitive trail. Ceci dit on est à Arches, c’est pas tous les jours, alors autant voir des arches. Mais faire les 2 qui se présentent devant nous risque de faire beaucoup, la Partition Arch présente moins d’intérêt que la Navajo puisque nous l’avons déjà vu de loin.
Nous partons donc pour 1,5 miles jusqu’à la Navajo Arch (1,5 pour l’aller, donc 3 pour le trajet complet). Nous faisons la distance en environ 10 minutes en prenant le temps de photographier le paysage.
La Navajo Arch vaut vraiment le coup d’œil, elle est situé dans une zone assez confinée ce qui dénote avec la Landscape Arch qu’on repère à des kilomètres.
On retourne à l’intersection avec la Partition Arch en se disant que franchement vu le temps qu’on met à faire les 3 miles, on peut bien faire les 2 miles vers Partition Arch. En chemin on calcule qu’en ce moment on fait du 16 km/h, sur une piste en montagne tout en prenant des photos. Il y a probablement un loup quelque part, mais en attendant qu’on le trouve, on se congratule, trop forts ces TGV !
On arrive donc en quelques minutes sous Partition Arch, on a du ralentir, sinon on passait devant sans la voir tellement on va vite… Je repère un espace en hauteur en face pour prendre quelques photos, juste le temps que les gens qui sont dessous puissent profiter de la vue et l’image est dans la boite. On se trouve de l’autre coté par rapport à tout à l’heure quand le gars faisait le mariole et que je n’avais pas pu faire de belle photo.
On passe sous l’arche pour voir le paysage, c’est vraiment très beau. Je ne l’ai pas précisé, mais depuis la randonnée, certes les arches sont magnifiques, mais le paysage autour, les lamelles de rochers sculptées par le vent, les couleurs, tout est magnifique. Je prends en photo le promontoire sur lequel j’étais tout à l’heure.
On va voir un peu plus loin que l’arche et on tombe sur un panneau d’information, Gérard vous montre précisément notre position :
En retournant à l’intersection qui mène à Double O Arch, on se demande quand même si c’était bien écrit 3 et 2 miles… Il n’y avait pas de zéro, mais peut être un point devant le 3 et le 2… Oui voilà c’était donc ça… On a fait en tout un demi mile, et pas 5… Ce qui fait quand même une belle moyenne horaire vu le temps qu’on perd à faire les andouilles…
Un peu plus loin sur la route de Double O Arch, on pense être arrivé…
Ah non en fait il faut grimper sur le rocher pour continuer…
Comme vous le voyez, nous sommes en tête d’un convoie de plusieurs randonneurs, qui nous suivent. Sauf que c’est moi qui suis en tête et que je regarde le paysage mais pas vraiment les cairns, du coup à 2 moments, je m’arrête parce que je ne suis plus dans le chemin… Un couple de trentenaires prend ça avec le sourire « We’re exploring ! » un peu plus loin j’entends 2 filles discuter entre elles, le détour semble moins les amuser « le mec n’a aucune idée de ce qu’il fait ». Hé non poulette, mais t’es pas obligée de me suivre non plus !
Bah le détour n’était pas bien long, on est tout près de l’arche qui marque le bout de la randonnée.
On passe dessous pour voir de l’autre coté.
Quand on se promène ainsi, j’ai l’appareil photo en main, j’ai une sangle qui me permet de le tenir d’une main. C’est super pratique car il ne tombe pas et je n’ai pas le poids autour du cou. L’étui de l’appareil est dans le sac à dos. Des fois je le met devant moi avec la sangle pectorale de mon sac de randonnée que je passe dans la boucle ceinture de l’étui, mais c’est pas pratique car je ne vois pas où je marche et c’est encombrant.
A partir de là, on est sur le primitive trail. Je vais sans doute avoir besoin de mes mains pour grimper ou m’appuyer ou garder l’équilibre. Donc l’appareil photo, mon précieux, va rentrer sagement dans son étuis bien protégé dans le sac à dos. Donc à partir de maintenant je n’ai quasiment plus de photo ! J’ai bien le smartphone dans la poche pour quelques clichés mais la primitive trail restera dans ma mémoire à part une petite arche à laquelle on peut accéder : Private Arch (réservée aux VIP du primitive trail).
Nous progressons sur le trail pendant 1h30 quand nous décidons de faire une pause, chacun notre pomme, on regarde le paysage au loin, nous profitons d’avoir remonté en altitude. Peu après nous rejoignons Landscape Arch et rentrons par le chemin facile jusqu’au RV. La cheville m’a un peu fait mal à certains moments. Rien de grave, mais il faut que je fasse attention dans les jours qui viennent.
Le soleil commence à taper, il est midi passé, on a vraiment bien fait de faire Devil’s Garden Trail à la fraiche. En plus il y a beaucoup de monde comparé à ce matin. Pas mal de retraités qui se limitent au sentier bien damé. Je me rends compte que je commence à avoir une bonne cadence de marche car le trajet jusqu’au RV est une succession de personnes que je double à vive allure alors que je ne force pas. Oui bon je double des gens qui ont plus de deux fois mon age et qui n’ont pas une envie urgente de trouver des toilettes… et alors ??
On rejoint notre petit nid à roulettes après 4h15 de marches. On est un peu fatigué quand même mais très heureux, c’est vraiment une rando à faire. Par contre il faut s’équiper contre le soleil et la soif… On a bu un peu plus de 2 litres d’eau chacun en partant le matin. Je n’ose même pas imaginer ce que cela donne en plein été quand il n’y a pas de nuages…
Nous faisons une pause d’une heure pour manger puis nous repartons vers de nouvelles aventures. Nous faisons un passage au Visitor Center puis allons nous ravitailler au City Market de Moab et faisons le plein car sur la route, il n’y aura plus de supérette avant longtemps et j’imagine déjà les prix des magasins dans les bleds que nous allons traverser. La suite me donnera raison… surtout pour le carburant.
Il est 15h45 quand nous quittons Moab en direction de Torrey. Nous avons passé un excellent moment à Moab, chaque jour apportant son lot de découvertes et d’émerveillement. Je nous met la pression pour vite arriver à Torrey car selon ce que j’ai compris de nos échanges avec le camping, il faut qu’on arrive avant 19h pour faire le check-in car demain on va partir tôt je n’ai pas envie d’être freiné par l’heure d’ouverture du bureau. Du coup on était censé passer faire un tour à Gobelin State Park en chemin, c’est annulé. En plus la route est vraiment désagréable, Gérard qui a le volant se bat avec un fort vent qui pousse de temps à autre le RV vers l’extérieur de la route. On ne peut pas rouler à la vitesse max. Pour la première fois, certains segments de routes sont vraiment désertiques, on voit le sable qui traverse la route. Avant d’arriver à Torrey, nous passons par Capitol Reef qui est au programme de demain. Je repère un peu les lieux auxquels je voulait passer, mais au moins 2 semblent inaccessibles, routes d’accès aux parkings barrées pour travaux.
On arrive à Torrey , je me rends compte que le bureau du camping ferme après 20h… On aurait peut être pu passer à Gobelin State Park, tant pis ! On a vu des cailloux de près aujourd’hui. On se branche à l’eau et au courant et on étudie le plan pour demain. Sur le papier c’est trop chargé, on ne pourra pas faire Capitol Reef puis la route panoramique 12 en faisant la grosse randonnée à Calf Creek Falls vu ce qu’on a déjà fait ces 3 derniers jours. Donc demain pas de Capitol Reef, à la place on va se reposer le matin.
Comme d’habitude le Wifi est bien pourri, j’ai beau aller à coté de la borne, Skype ne passe qu’en audio… De toute manière je suis fatigué par ma nuit précédente et la marche, en plus la météo n’est pas géniale pour demain alors qu’on est censé parcourir une des plus belles route panoramique des States, je suis en mode ours, il faut que j’aille dormir. Nathalie est compréhensive, elle me connait et elle a pu apercevoir ma tête avant que la vidéo ne coupe… Aller à demain !