C‘est quoi y-a j’ai en ?
La nuit a permis de faire un bon reset sur la journée précédente, literie confortable, pas de bruit dans l’hôtel, il ne reste plus qu’à voir comment se passe le petit déjeuner pour adouber les Comfort Inn ! Comme à Los Angeles, il y en a pour tous les goûts, sucré, salé, c’est vraiment bien. Je me gave de gaufres, il me faut un appareil comme ça (celui qui donne la pâte toute faite, pour le gaufrier suffit de piquer celui des parents, coucou maman !)…
Je profite que le type à l’accueil soit sympa pour lui demander un petit service. Après demain nous allons rendre notre voiture à l’aéroport de San Francisco et je ne sais pas s’il existe une navette de l’hôtel qui pourrait nous prendre directement là bas plutôt que de galérer dans les transports en communs. Il appelle et demande pour moi (je ne me sens pas à l’aise car ils parlent à fond et c’est pas de l’informatique alors je risque de louper un épisode). Renseignements pris, non il n’y a pas de shuttle de l’hôtel mais des services de navettes privées (comme à Las Vegas le premier jour).
Nous prenons la route de Sequoia National Park qui est tout proche de l’hôtel. Je commence à avoir le coup de main pour m’arrêter devant les panneaux d’entrées des parcs, et celui-là est vraiment sympa. Juste à coté un torrent passe en contre bas. Nous ne sommes plus dans le désert de Palm Springs, Pour deux jours ça va être ambiance de montagne, nous allons grimper et tant mieux, il fera peut être moins chaud qu’en bas !
Avant d’essayer de trouver une lettre de l’alphabet pour décrire la forme du parc, il faut préciser qu’il est collé à Kings Canyon National Park et que dans la montagne, quand on n’est pas dans un de ces deux parcs, on est dans la Sequoia National Forest. Donc Visiter Sequoia National Park implique de visiter Kings Canyon et inversement.
Pour la lettre de l’alphabet, je passe mon tour, c’est un peu trop compliqué. Kings Canyon est au Nord de Sequoia mais ce parc est en deux morceaux, c’est dans les trous qu’il y a la Sequoia National Forest. Nous allons traverser Sequoia National Park (ils auraient pu trouver un nom différent entre le parc et la forêt) du Sud au Nord en nous arrêtant à quelques endroits que j’ai noté à l’avance ainsi qu’en fonction de ce qu’on trouvera en route. Puis après être sortis au Nord, nous passerons dans la Sequoia National Forest jusqu’à entrer à Kings Canyon où j’ai uniquement noté un point particulier dans le secteur Giant Grove (le petit bout isolé à l’Ouest du parc). Après il faudra rejoindre Cedar Grove qui est dans la grosse partie à l’Est où nous allons dormir. Vu le programme de la journée, nous irons tout droit sans nous arrêter en chemin. Demain nous referons la route en sens inverse, nous aurons du temps pour faire des haltes car la route qui mène à Cedar Grove est réputée pour ses points de vues. Et entre les deux parties de Kings Canyon, à nouveau la Sequoia National Forest. Le mieux c’est de cliquer sur le lien dessous et d’afficher la carte (menu de gauche View Park Map).
Peu après le Visitor Center un premier arrêt pour voir Tunnel Rock, mais il y en a un qui n’a pas compris que ce n’était pas Bridge Rock… Ah quand il est décidé à aller voir « comment c’est de là bas »…
Il fait super beau, mais pour le moment il fait aussi très chaud, nous montons dans la montagne, la route est assez sinueuse. Dans un virage, tout le monde ralenti, il y a des places pour se garer et admirer le paysage. Le caillou qui dépasse de la montagne est Moro Rock, une bulle de magma qui est remonté jusqu’à la surface avant de se solidifier. Nous irons voir cela de plus près tout à l’heure.
Alors Sequoia, sequoia d’accord, mais ils sont où sur les photos ?? Excellente question, en fait pour l’instant nous avons de la végétation telle qu’on pourrait en trouver dans nos forêts de montagne de chez nous. La route continue de monter et nous arrivons dans le secteur Giant Forest.
Nous sommes dimanche, il y a pas mal de monte et la route vers Moro Rock où je veux aller est fermée. Il va falloir prendre la navette du parc. Cette navette peut nous amener partout dans le parc, mais comme nous allons de toute manière sortir par le Nord, nous allons garder la voiture (sauf pour Moro Rock car pas le choix dans ce cas).
Nous faisons la queue derrière… une Toyota Sequoia. SEQUOIA !! Le gars a tout compris 🙂 La photo est crade, mais j’étais au volant, à l’arrêt certes, mais bon c’est toujours un peu acrobatique.
Nous nous parquons dans le parking secondaire de Giant Forest Museum. Dès que nous sortons de la voiture l’odeur de sapin est prenante, nous sommes en forêt ! Et autour de nous les premiers séquoias se dressent fièrement. Ce qui les rend impressionnant c’est qu’en plus d’être hauts et d’avoir une grande circonférence, leurs premières branches sont très hautes. Il faut regarder à plusieurs dizaines de mètres vers le ciel pour voir les premières branches. Voici un des premiers arbres que nous allons voir : (notez le panneau qui est à son pied)
Juste à coté du parking, on voit cette borne à incendie qui semble être connectée, une borne wifi… Ou alors une borne cibiste, je ne sais pas.
Aller fini de rigoler, on grimpe dans la navette du parc et nous allons à Moro Rock, le fameux rocher qui dépasse de la montagne et en haut duquel on doit avoir une belle vue. Après avoir gravit les plus de 300 marches. Ah oui pour une première randonnée de la journée, celle là va piquer un peu derrière les mollets…
Une fois arrivé en haut on profite de la vue, après avoir repris notre souffle, car c’est quand même un peu rude je ne vous le cache pas (en même temps on prend notre temps, il faut y aller doucement de toute manière car on ne peut pas toujours se croiser avec ceux qui arrivent en face donc il faut s’arrêter, se pousser).
Regardez moi ce beau temps, ces belles montagnes, tout cet air pur qui… ah attendrez un panneau d’information indique que… ah oui si on ne voit pas très loin à l’horizon c’est parce que toute la pollution qui vient de San Francisco et des alentours redescend et est bloquée contre la montagne et donc arrive… ici ! Cela ne semble pas gêner la faune locale en tout cas…
En redescendant je me rends compte qu’il faut faire attention en forêt, le danger peut venir du ciel, car les pommes de pains de sequoia ce n’est pas de la rigolade, autant ne pas se prendre ça sur le caillou…
Nous retournons à la voiture, il parait qu’on peut savoir où est le Nord en fonction de là ou est la mousse sur un tronc. Ici bon courage, il y a de la mousse tout autour. Il commence à faire faim, notre prochaine mission est de nous trouver un coin pour pique niquer. On est aux USA, pas d’inquiétude, des aires de piques-niques sont prévues en nombre tout le long de la route qui mène au Nord.
Nous trouvons notre bonheur, une table à l’ombre, la température n’en sera que plus agréable. Nous sortons notre matériel tout en prenant en compte les informations sur les ours. Mais franchement ça nous semble être l’arlésienne cette histoire d’ours… Bon il est vrai qu’on en a vu un au loin (ou plutôt on a vu un troupeau de photographes amateurs le long de la route essayer de mettre une tache sombre en carte mémoire). Mais de là à ce qu’ils s’approchent autant… non franchement cela ne semble pas réaliste. A mon avis c’est comme Universal et les panneaux d’avertissements devant les attractions.
Nous passons un moment agréable puis nous remballons nos affaires direction le point d’attraction phare du parc : le Sherman Tree. Seuls les véhicules de personnes handicapées peuvent se garer devant, nous allons donc nous garer plus loin. Une randonnée permet d’accéder à la zone où se trouve l’arbre. Il s’agit d’une route bitumée, aucune difficulté si ce n’est qu’elle est en pente et que la remontée s’annonce sympa. Mais les américains ont disposé des bancs en nombre à disposition des moins vaillants.
Le Sherman Tree, ou General Sherman, est l’arbre le plus volumineux sur Terre. Ce n’est pas le plus haut, ni celui qui a le tronc le plus large, mais en mètres cubes, c’est lui le plus important. La marque au sol dans la photo ci dessous représente son emprunte au sol. C’est assez impressionnant.
Alors selon les informations du parc, chaque année l’arbre que je ne vous ai pas encore montré car je suis joueur, prend l’équivalent en volume d’un « arbre de bon gabarit ». Pour les amoureux de chiffres, son tronc fait environ 1500 mètres cubes. A noter que dans cette forêt les feux sont monnaie courante, pas mal d’arbres ont ainsi des cicatrices de feu. Ils doivent se prendre la foudre j’imagine.
La partie supérieure du General Sherman est morte, l’arbre ne grandit plus en hauteur, les branches en dessous sont toujours vivantes et l’arbre continue de grossir par contre. Vous voulez le voir ? C’est lui au fond sur la première photo.
C‘est assez difficile déjà de se rendre compte de sa taille quand on est dans une forêt d’arbres géants. Et montrer sa taille en photo est encore plus compliqué. En tout cas c’est très impressionnant. Et il est entouré d’autres spécimens qui atteignent des hauteurs vertigineuses. Et leurs branches qui ne commencent que tout en haut renforcent l’effet de troncs interminables.
Nous allons rallonger un peu la promenade au milieu des sequoias géants en faisant la Congress Trail qui est une boucle de 2 miles. Il s’agit toujours d’une randonnée facile, bitumée sans dénivelé qui est fléchée quand on se rend au Sherman Tree. Tout autour de nous poussent ces arbres gigantesques (je ne les ai pas tous photographiés, mais vous imaginez la scène). Bon ok voici les photos.
Le chemin passe à proximité d’arbres morts, on se rend compte qu’une fois tombés, ils restent pendant des années, voir des décennies sans vraiment pourrir.
Cette randonnée n’est pas longue mais elle nous prend beaucoup de temps car nous apprécions vraiment ce moment dans la nature, en plus cette partie du parc est beaucoup moins fréquentée qu’autour du General Sherman. A un moment nous croisons un couple d’américains qui me parle d’un ours qu’ils ont vu plus loin dans le sous bois. Le temps que je reconnecte le cerveau et que je trouve quoi lui répondre, le gars est déjà en train de partir en disant que j’ai sans doute rien compris à ce qu’il m’a dit, non j’ai juste pas eu de répartie. Nous avançons et un peu plus loin…
Nous sortons sains et saufs de cette rencontre, mais juste quelques dizaines de mètres plus loin, dans le sous bois, j’entends des bruits…
Aller j’arrête, on a bien vu l’ours, on avait vu une flèche qui pointait un « Mac trucbidule Photography Point » sur un sentier en terre, je commence à y aller quand sur la droite je vois la bestiole. C’est un ours qui est en train d’exploser avec ses griffes des troncs d’arbres morts pour y trouver des insectes j’imagine. Des fois les arbres se cassent facilement, des fois il grimpe complètement dessus il plante ses griffes avant dans le tronc et fait balancer avec son corps et « pop » l’écorce se détache.
Je suis avec le zoom à fond pour faire ces photos, il est relativement loin, a sans doute pris note de notre présence, ainsi que celle des gens qui sont sur le sentier bitumé et qui n’osent pas me rejoindre. Il vit sa vie d’ours sans prêter attention à nous, il va de tronc en tronc et fini par disparaitre plus loin vers là où notre randonnée doit nous amener, peut être qu’on le reverra qui sait ?
C‘est assez marrant car juste de l’autre coté du monticule sur lequel je suis monté pour bien voir l’ours, passe l’air de rien une famille de biches.
Notre randonnée continue, nous sommes au bout de la boucle, il est temps de prendre le chemin qui remonte vers Sherman Tree. L’ours lui aussi a continué sa promenade, en ligne droite donc il est de nouveau à proximité de notre route. Vu sa taille je me demande s’il s’agit d’un adulte ou d’un adolescent (il semble seul donc ce n’est pas un petit). Comme j’écris cet article depuis Washington, je peux vous filer l’info : c’est un adulte, nous sommes allé au muséum d’histoire naturelle et l’ours qui y était empaillé était de cette taille là.
Tout à l’heure je zoomais au maximum, là je suis à mi course sur ma bague de réglage. Il continue à chercher dans les troncs sans s’occuper de moi. Gérard est parti plus loin sur le chemin. A un moment l’ours change de cap, me regarde et commence à avancer. Rien de menaçant, juste « Je vais par là. »
Ok je suis dans la trajectoire, je m’éclipse et retrouve le paternel qui écoute les nombreux oiseaux qui sont au dessus de nous. Derrière nous l’ours a traversé à peu près là ou j’étais et s’est enfoncé dans la forêt. Nous entendons beaucoup d’oiseaux dans le coin, mais les branches sont tellement hautes qu’il est impossible de voir les oiseaux sauf quand ils veulent bien descendre prendre la pause.
On entend un pic-vert qui tape contre un arbre mais nous ne le voyons pas, c’est rageant de le savoir tout près au dessus de nous. Et alors que nous reprenons notre route, il vient se poser juste à coté de nous. Nous ne bougeons plus et je le mitraille pendant qu’il s’occupe d’un tronc. De temps en temps il regarde autour, je ne bouge pas et ne suis pas identifié comme une menace, ouf ! Il va passer d’arbre en arbre pendant un bon moment, j’en profite pour faire beaucoup de photos (dont une grosse majorité ratées, je teste des réglages) jusqu’à ce qu’une famille arrive et ne le fasse fuir. Voici les 24 photos les moins pires ! C’est que ça bouge vite quand il imite le fan de heavy metal…
Bilan de la randonnée : un ours en pleine nature (j’en avais vu que dans des zoos) et un woody woodpecker ! Il y a aussi d’autres sequoias « connus » en tout cas avec une pancarte, mais bon je vais garder quelques photos inédites de coté pour quand je vous raconterai ça en direct à la maison 😉 (des heures de diapositives passionnantes, vous allez voir). Nous remontons la pente qui était juste avant Sherman Tree, c’était sympa, ça change un peu du chemin tout plat !
Nous prenons ensuite la route pour aller à Kings Canyon. Nous traversons la Sequoia National Forest comme prévu et arrivons à Grant Grove. Ici on trouve plusieurs curiosités « célèbres » : General Grant Tree et Fallen Morach (à ne pas confondre avec celui de Yosemite). General Grant est le 3e sequoia le plus gros du monde si j’ai bien compris, dedans on pourrait loger 159.000 ballons de basket. Pour quoi faire ? Aucune idée ! En balles de ping pong ça fait 37 millions. Déjà 100 je ne vois pas ce que ça fait… Si on remplissait son tronc d’essence, déjà il se porterait beaucoup moins bien, et cela permettrai de faire 350 fois le tour de la Terre en suivant l’équateur sans faire le plein. Mais il faudrait sans doute faire le vide d’eau salée… Je l’ai pris en photo mais entre le soleil qui commençait à être rasant, et la hauteur vertigineuse, il faudra que je colle ensemble quelques photos, c’est pas gagné pour avoir un rendu montrable…
Le Fallen Monarch est un arbre qui est tombé il y a fort fort longtemps et qui à part les tags d’abrutis de visiteurs n’a pas beaucoup bougé depuis qu’une photo prises au 19e siècle ne le montre en compagnie de trappeurs.
Nous filons ensuite juqu’à Cedar Grove qui est dans l’autre partie de Kings Canyon et où se trouve notre hôtel. C’est un canyon, donc nous descendons tout ce que nous avons grimpé en voiture ce matin et sommes au niveau de la rivière Kings avec de chaque coté de la route les flancs de la montagne. Il y a des endroits sympas pour prendre des photos mais nous ne nous arrêtons pas, l’heure avance et de toute manière c’est un cul de sac. Demain nous rebrousserons chemin et aurons le temps pour faire de jolis clichés avec sans doute une bien meilleure lumière.
Juste une petite photo de l’entrée du parc.
En face il y a un coin super mignon où on fait quelques photos, je profite de la faible lumière pour enfin ENFIN réussir l’effet de l’eau qui coule avec décor fixe. Donc il faut être à l’ombre, ou en début/fin de journée, ou que je m’équipe d’un filtre. Nous avons donné de notre personne pour faire ces photos car des moustiquosaures vont littéralement nous bouffer pendant les quelques minutes passées dans cet endroit.
Nous arrivons juste à la nuit tombante à Cedar Grove qui dispose d’un hôtel assez rustique, mais il est super bien placé pour ce qu’on veut faire demain. Pas de bol il y a une panne d’électricité, donc pas de clim mais ils ont mis des ventilateurs à fond dans toutes les chambres avec fenêtre ouverte (et moustiquaire) donc ça devrait aller. Par contre c’est assez bruyant, nous entendons le cours d’eau juste à coté, l’eau ne coule pas paisiblement ici ! Et les pauvres qui sont en face dans le couloir auront droit toute la nuit au bruit tellement « nature » du groupe électrogène à essence qui va tourner pour alimenter l’hôtel…
Il est tard, nous avons passé une excellente journée, il me tarde d’aller dormir, demain il faudra faire des photos de tous les coins sympas que nous avons vu en venant et ensuite direction San Francisco !