30 mai : Panne sèche

A sec dans le désert.

Vive le recyclage d’intro : Le soleil est déjà bien haut en Californie. A quelques encablures de Carizo Plain National Monument, un SUV subit la chaleur écrasante qui règne dans cette région désertique. Juste à coté, sans essence ni moyen de communication, un père et son fils cherchent un peu d’ombre, ils sont isolés et ne peuvent aller nulle part… Flou artistique, générique à la Magnum (ou Mac Gyver) l’épisode commence au début de la journée…

Notre point de chute pour aujourd’hui est Three Rivers qui est une charmante bourgade juste devant l’entrée Sud de Sequoia National Park. Pour y aller à partir de Yucca Valley, il faut rouler 4h sauf que nous allons faire un gros détour par Carrizo National Monument dans le but de voir de près la faille de San Andrea. C’est un détour de 4h dans un parc que je ne connais presque pas. Je me suis couché vraiment tard car je voulais préparer la journée d’aujourd’hui car Carrizo Plain a été ajouté au programme très tardivement et je n’ai pas eu le temps de tout bien organiser pour ce parc avant de venir aux USA. L’idée est de voir la faille et de repartir.

J‘ai eu chaud toute la nuit et j’ai vraiment très peu et très mal dormi. La journée s’annonce vraiment longue. Nous allons prendre notre petit déjeuner et c’est assez décevant, pas de chocolat chaud, pas de céréales comme j’aime. Du coup j’essaie des flocons d’avoine parfumés au sirop d’érable. Ce n’est vraiment pas bon.

Je prends le volant pour aller jusqu’à notre première étape : Barstow qui détour ou pas est sur notre chemin. Le seul intérêt à cette ville sont ces 2 magasins d’usines (outlets) qui se font face. J’ai pris quelques photos pour vous décrire ce qu’est un outlet, profitez en bien ce sont quasiment les seules photos que j’ai pris aujourd’hui. Un outlet c’est un grand bâtiment tout en longueur de plain pied qui est découpé par des cloisons en magasins plus ou moins grands où chaque marque vend des articles moins chers qu’en boutique traditionnelle.

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Les jeans Levis sont à $36 pièce hors taxe dès qu’on en achète plus d’un. Les Convers ne sont pas chères et pour l’achat de 2 paires, la moins chère est à moitié prix (le prix affiché étant plus bas qu’en magasin). C’est vraiment intéressant surtout comparé aux prix en France (par contre ils ont un choix limité en chaussures à ma pointure).

L‘outlet qui nous intéresse ne semble pas ouvert, il est un peu moins de 10h00, du coup en attendant de voir si cela ouvre à 10h00, on va voir de l’autre coté. D’autres boutiques mais on n’est pas accros au shopping, on ne fait que regarder de loin. Retour au premier outlet, ça y est les boutiques ouvrent. On file directement chez Levis, j’ai une commande à honorer. En jetant un coup d’œil, je trouve quelques articles qui m’intéressent, j’essaie, tout ne convient pas c’est le problème d’avoir des abdos comme les miens :p. Je vais ensuite m’occuper de la chemise que je dois ramener à Nathalie, j’ai bien le modèle et la couleur en tête, mais pas la taille, pas de wifi pour vérifier… Le vendeur ne m’aide absolument pas, j’improvise (au final j’ai sans doute pris trop grand, faudra que la chemise fasse un tour au sèche linge en mode rétrécissement).

Comme je commence à piquer du nez, Gérard prend le volant quand on repart vers 11h00 direction la prochaine ville : Bakersfield. C’est de l’autoroute ça roule assez bien pour le peu que je vois avant de m’assoupir. A Bakersfield nous allons commencer notre détour en filant plein Ouest vers le désert. Avant de quitter la ville je demandé à Gérard comment on est niveau essence. Il me répond qu’on est à la moitié. Entre la taille du réservoir qu’on ne connait pas, les unités qui sont différentes de nos litres et kilomètres, je ne me rend pas bien compte mais à priori la voiture qu’on a est vraiment sobre (surtout comparée au RV).

On file donc plein Ouest, au loin les collines sont recouvertes d’une sorte d’herbe jaunie par le soleil. On dirait que le décor est une peinture à l’huile, c’est assez irréel. Par contre nous sommes entrés dans une zone pétrolifère alors il y a quelques derricks le long des routes ainsi que des pipelines, ça gâche un peu le charme de l’arrière plan. Gérard soupire car la route est vraiment monotone, de longues lignes droites qui finissent par des montées débouchant… sur la même chose. En plus le revêtement n’est vraiment pas agréable, et dire qu’on va devoir refaire tout ça en sens inverse tout à l’heure…

IMG_20150530_085606La faille de San Andrea est bordée de replis de la croute terrestre. Nous allons devoir franchir le bourlet qui est au Nord de la faille pour pouvoir y accéder. Nous arrivons perpendiculairement sur elle. La route est plus du tout en ligne droite, c’est très sinueux on roule tout doucement, c’est beaucoup moins monotone maintenant, mais toujours pas très agréable à arpenter. On passe le haut de cette grosse colline et on redescend de l’autre coté quand tout à coup l’ordinateur de bord annonce « Low Fuel » avec une liste de stations services « à proximité » dont les premières sont à plus de 30 miles. Stupéfaction, on était censé être à la moitié du réservoir. En fait Gérard avait confondu la jauge de température du moteur (qui se porte bien, ni trop chaud ni trop froid, au milieu) et la jauge d’essence dont l’aiguille est collée au E comme « Et merde c’est vide ».

Autant vous dire que l’ambiance n’est pas au beau fixe dans la voiture, j’étais déjà de mauvaise humeur après ma courte nuit, le petit dej pas top, l’histoire de la taille de la chemise, les 4h de détour pour aller voir la faille,… Je m’énerve sur le PC dont l’appli GPS qui me servait à mettre les points d’intérêts sur l’appareil n’affiche pas de station service. Soit il y a un bug dans la matrice, soit on est dans un no man’s land de la pompe à carburant, comble vu le pétrole qui est pompé dans la région.

Voici les 3 routes que nous avons à disposition :

1) Route 58 que nous empruntions jusqu’ici, tout droit dans le désert vers le bled le plus proche qui est très loin et dont on ne sait pas s’il possède une pompe : mauvaise idée

2) Route 58 dans l’autre sens, refaire la route de montagne et retourner à Bakersfield où nous avons vu la pompe la plus proche (les bleds en chemin n’avaient pas de stations services) mais c’est 30 miles à faire, on sera en panne avant d’arriver : mauvaise idée

3) Prendre 7 Miles Road, la route qui amène dans le parc, sachant qu’il n’y a aucun village par là bas, juste quelques maisons, mais ce n’est plus du bitumes dans quelques miles, juste une piste en sable dur : mauvaise idée

Aller pour rigoler un peu je vous mets le lien Google Maps du lieu de notre aventure.

A sec dans le désertFaute d’avoir une alternative satisfaisante on va voir sur la 7 Miles Road car on voit quelques habitations le long. La première a l’air plus ou moins abandonnée, je toque, personne ne répond. Plus loin on voit une maison sur la gauche, on va voir et là un cadenas ferme le grillage, mauvais signe. On est en plein désert, on a croisé personne depuis un long moment, vous la sentez bien la panne sèche ?? Nous oui !

Soudain on voit un pick up (ils appellent ça des trucks ici) arriver dans notre direction. Je fais des signes, le véhicule ralenti, s’arrête. J’explique au gars notre problème, il me confirme que la station service la plus proche est à Bakersfield 30 miles vers l’Est. On lui explique qu’on y arrivera jamais, il a l’air bien embêté. J’imagine que trimballer des touristes en panne sèche ne faisait pas parti de ses plans pour la journée. Finalement il nous dit qu’il a un bidon d’essence dans son truck à l’arrière. Il va chercher chez lui (la maison cadenassée) la pipette pour remplir les réservoirs comme le nôtre et vide ses 5 gallons dans notre voiture. Ce mec vient juste de nous sauver la mise, on était vraiment mal barré… On lui paye grassement son précieux nectar pour moteur à explosion ainsi que le service.

Nous avons maintenant 1/4 de réservoir (qui fait donc 20 gallons environ). Avec ça, on ne va pas aller super loin, pas voir la faille en tout cas. On repart vers Bakersfield remplir le réservoir. Je prends le volant, à mon tour de faire la route sinueuse et celle super monotone. Nous avons fini notre détour de 4h sans voir la faille, pour San Andras, il faudra aller au cinéma… L’ambiance à bord est lourde.

Après avoir fait le plein, on file direction Three Rivers qu’on atteindra à la nuit tombante, le temps de nous installer, d’aller faire une lessive, on va encore se coucher tard aujourd’hui. Je profite de la connexion Internet pour annuler l’hôtel prévu à San Francisco, c’est une mesure punitive prise car il s’agissait de la même chaine qu’à San Diego. On ira plutôt dans un Comfort Inn. Aujourd’hui nous sommes aussi dans un Comfort Inn (comme à Los Angeles) et nous sommes satisfaits du confort de la chambre. A San Francisco entre ce que j’annule et le Comfort Inn que je réserve le prix est sensiblement le même sauf que maintenant j’ai le petit déjeuner inclus (= gaufre à volonté). Quant à l’emplacement… et bien on verra sur place. J’en profite aussi pour mettre les commentaires des hôtels dans lesquels nous sommes déjà allés sur le site de booking. Je me fais plaisir pour San Diego niveau commentaires… L’annulation était encore gratuite pour… 2 heures, il était temps que je m’y mette. Nous allons ensuite nous coucher, vite que cette journée prenne fin.

Dans un voyage il y a des hauts et des bas, on a atteint le fond du réservoir, vivement demain, on retourne dans un parc ça sera beaucoup plus intéressant que de rouler pour rien. Journée à oublier.